Samstag, 26. März 2022

Prof. Valérie d'Acrémont, Spezialärztin für Infektions- und Tropenkrankheiten, Klimaaktivitstin. Sehr lesenswert

foto: pixabay.com
Pressekonferenz Vor dem Gerichtsgebäude Montbenon in Lausanne: Rede von  Prof. Valérie d'Acrémont. - Sie wurde vom Gericht wegen Teilnahme an einer unbewilligten klima-Demo verurteilt.

vgl.auch Kurzbericht und Fotos zur veranstaltung: 
https://gpclimat-interregio-d.blogspot.com/2022/02/tst.html


oben:  Original Französisch
Unten: Deutsch mit Deepl.com, Leicht bearbeitet 

TRIBUNE

M’engager pour le climat, parce que c’est un devoir

Cela fait 20 ans que je travaille en Afrique, m’occupant de projets de plus en plus gros, dont le but est de sauver des vies d’enfants, grâce à de l’argent qui provient en grande partie du gouvernement de notre pays. Et c’est vrai que durant les 15 premières années c’était très encourageant : on avait réussi à diminuer la malaria de moitié, la malnutrition avait reculé de

30 %, et on était donc passé d’un enfant sur 6 à un sur 25 qui mourrait avant l’âge de 5 ans. Mais tout à coup, il y a à peu près 5 ans, j’ai commencé à observer, sur le terrain, des choses étranges. Mes collègues chercheurs et chercheuses de l’Institut de recherche à Bagamoyo en Tanzanie se sont mis à construire des digues parce qu’ils ont bien vu que le niveau de la mer monte de plus en plus vite. Leur laboratoire, essentiel pour la surveillance des virus émergeants, va donc bientôt se remplir d’eau. Quand je consultais avec mon collègue, qui est agent de santé dans un village du delta du Sine Saloum au Sénégal, les problèmes médicaux les plus fréquents chez les adultes n’étaient pas du tout ceux auxquels je m’attendais : ils étaient liés à l’anxiété de devoir quitter leur village qui sera bientôt rayé de la carte.

À l’hôpital, au lieu d’avoir une seule femme enceinte par lit, on a recommencé à en mettre deux, à cause d’une augmentation des cas de malaria sévères. Le nombre d’enfants dénutris a recommencé à augmenter, ce que dit bien l’ONU pour l’alimen tation et l’agriculture, qui indique que le taux actuel de malnutrition est remonté au niveau de celui qu’on connaissait il y a 10 ans. Toutes ces observations sont confirmées par nos analyses scientifiques, qui montrent que les pics de mortalité dus à la malaria chez les enfants sont corrélés non pas avec les ruptures d’approvisionnement en médicaments ou une baisse de la distribution de moustiquaires, mais « tout simplement » à une diminution du nombre de kilos de riz produits. Les paysans nous disent qu’à cause de la sécheresse, ils observent une baisse du rendement de leurs cultures, qui sont de plus en plus souvent détruites par des intempéries inhabituelles.

Dans nos études où l’on intervient pour améliorer la qualité des soins, le facteur qui prédit qu’un enfant ne vas pas guérir malgré nos interventions, en dehors de son état nutritionnel, est la présence de maladies respiratoires, qui justement augmentent à cause de la pollution de l’air. Dans certaines grandes villes, les enfants inspirent à l’heure actuelle l’équivalent de 40 cigarettes par jour… Nos interventions de santé ne servent donc plus à rien, car leurs effets bénéfiques sont annulés par ceux de la dégradation de l’environnement !

Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, cet impact du dérèglement climatique sur la santé ne concerne pas que les habitant-es des régions du Sud, très loin de la Suisse. Chez nous, le nombre de crises d’asthme augmente, dues aux pics de pollution, en particulier quand la température monte, car les microparticules restent alors en suspension dans l’air. Regardez les bulletins de météo suisse la prochaine fois qu’il fait très chaud… Il y a, en Suisse, plus de 3000 personnes qui meurent chaque année de la pollution de l’air, c’est-à-dire l’équivalent en 4 ans de ce qu’on a vécu en 2 ans de pandémie. Mais ça, malheureusement, personne n’en parle, et surtout personne ne prend le problème en main, en tout cas pas avec la même vigueur que pour celui du Covid-19… Nos légumes proviennent en grande partie d’Espagne, dont la partie sud est en train de se désertifier. Là-bas des villages entiers n’ont plus d’eau du jour au lendemain, car tout à coup leur nappe phréatique est vide. La Suisse aura donc de plus en plus de mal à se fournir en légumes variés provenant de l’étranger. La qualité de notre nourriture va par conséquent baisser, de même que l’espérance de vie des nouvelles générations, bien plus que celle qu’on a perdue avec le Covid-19. Pendant ce temps-là, la Suisse continue à signer des accords de libre-échange avec des pays qui doivent alors abattre des forêts entières, on détruit la colline du Mormont, tout ça en pleine pandémie… alors qu’on a maintenant prouvé scientifiquement que les pandémies sont dues principalement à la perte de la biodiversité… et à l’élevage intensif des animaux, pratique toujours autorisée sans problème en Suisse.

On est donc entrés dans l’ère des pandémies ; j’espère que celle dont on souffre actuellement sera bientôt terminée, mais ça ne sera de loin pas la dernière. Et pourtant, nos beaux plans nationaux de préparation aux futures épidémies ne comportent aucun chapitre sur la manière de les prévenir, en agissant sur leurs causes-racines. On est donc en train de dire à toutes ces soignantes et soignants ici présents, épuisés par deux années de Covid-19, qu’on ne va rien faire et qu’ils vont devoir s’épuiser à nouveau dans quelques années ou quelques mois à cause d’une nouvelle pandémie. Je ne sais pas si dans ces conditions, ielles auront le courage de continuer à exercer leur métier.

Et la justice, elle, ne trouve rien de mieux à faire, lorsqu’on dénonce cet état de fait, qu’on essaye d’alerter la population et nos autorités, de nous mettre sur le banc des accusés. On a bientôt tout essayé : on est allés rencontrer le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, pour le soutenir dans la pression qu’il exerce sur les ministères de la Santé des pays membres pour qu’ils prennent conscience de cette urgence. Il nous a dit : « Je suis un des vôtres ». On avait invité lors de cette rencontre Richard Horton, l’éditeur en chef du Lancet, un des plus grands journaux scientifiques médicaux, qui appelle les professionnels de la santé à désobéir, à manifester dans la rue. Les médias de chez nous qui m’interviewent sur le Covid-19 refusent systématiquement mes propositions de plutôt parler du problème global des effets du climat et de la biodiversité sur la santé. Même mes phrases explicatives sur les causes-racines de cette pandémie sont coupées après coup dans les articles. Nous avons donc beaucoup de mal à être entendus. C’est pourtant notre devoir de médecin, de soignant-e, d’alerter sur les crises sanitaires à venir, tout comme c’est de notre devoir ensuite, une fois que la crise est là, d’essayer d’en atténuer les effets sur les patient-es et la population. Il n’y a donc aucune contradiction entre ces deux actions, au contraire. J’espère que je vais pouvoir retrouver un sens à mon travail, pouvoir regarder à nouveau mes collègues africain-es dans les yeux, parce qu’on aura diminuer drastiquement nos émissions de CO2 qui tuent leurs enfants, ielles qui n’en émettent que le dixième de nous.

Je vais donc continuer à m’exprimer, dans l’espace public – aussi parce que nous avons prêté le serment d’Hippocrate qui dit « en tout premier lieu, ne pas nuire » – pour demander à nos autorités de faire quelque-chose pour sauver notre humanité qui se meurt…

Texte issu de la conférence de presse donnée à l’occasion du « Procès des 200 » activistes climatiques, Lausanne, le 7 février 2022.

Auteurs

Valérie D’Acremont

Policlinique médicale universitaire Rue du Bugnon
44 1011 Lausanne

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Sich für das Klima engagieren, weil es eine Pflicht ist

Valérie D'Acremont

Ich arbeite seit 20 Jahren in Afrika und betreue immer größere Projekte, deren Ziel es ist, Kinderleben zu retten, und zwar mit Geld, das größtenteils von der Regierung unseres Landes kommt. Und es stimmt, dass die ersten 15 Jahre sehr ermutigend waren: Die Malaria war um die Hälfte zurückgegangen, die Unterernährung um 30 %, und wir waren von einem Kind von 6 auf eines von 25 zurückgegangen, das vor seinem fünften Lebensjahr starb. Doch plötzlich, vor etwa fünf Jahren, begann ich vor Ort seltsame Dinge zu beobachten. Meine Forscherkollegen und -kolleginnen am Forschungsinstitut in Bagamoyo in Tansania begannen, Deiche zu bauen, weil sie genau gesehen hatten, dass der Meeresspiegel immer schneller stieg. Ihr Labor, das für die Überwachung neu auftretender Viren von entscheidender Bedeutung ist, wird daher bald mit Wasser voll laufen. Als ich mit meinem Kollegen, der Gesundheitshelfer in einem Dorf im Sine-Saloum-Delta in Senegal ist, ins Krankenhaus ging, waren die häufigsten medizinischen Probleme bei Erwachsenen ganz und gar nicht die, die ich erwartet hatte: Sie hatten mit der Angst zu tun, ihr Dorf verlassen zu müssen, das bald von der Landkarte getilgt werden würde.

Im Krankenhaus gab es statt einer schwangeren Frau pro Bett wieder zwei, weil die Zahl der schweren Malariafälle gestiegen war. Die Zahl der unterernährten Kinder ist wieder gestiegen, was auch von der UNO-Ernährungs- und Landwirtschaftsorganisation bestätigt wird, die darauf hinweist, dass die aktuelle Unterernährungsrate wieder auf das Niveau von vor zehn Jahren angestiegen ist. All diese Beobachtungen werden durch unsere wissenschaftlichen Analysen bestätigt, die zeigen, dass die Spitzenwerte der malariabedingten Sterblichkeit bei Kindern nicht mit Unterbrechungen der Medikamentenversorgung oder einer geringeren Verteilung von Moskitonetzen korrelieren, sondern "einfach" mit einer geringeren Anzahl von Kilogramm Reis, die produziert werden. Die Bauern berichten uns, dass sie aufgrund der Dürre einen Rückgang der Erträge ihrer Kulturen beobachten, die zunehmend durch ungewöhnliche Unwetter zerstört werden.

In unseren Studien, in denen wir zur Verbesserung der Qualität der Gesundheitsversorgung intervenieren, ist der Faktor, der vorhersagt, dass ein Kind trotz unserer Interventionen nicht gesund wird, neben seinem Ernährungszustand das Vorhandensein von Atemwegserkrankungen, die eben aufgrund der Luftverschmutzung zunehmen. In manchen Großstädten atmen Kinder heute so viel ein wie 40 Zigaretten pro Tag... Unsere Gesundheitsmaßnahmen sind also nutzlos, da ihre positiven Auswirkungen durch die Umweltzerstörung aufgehoben werden!


Im Gegensatz zu dem, was viele Menschen denken, betrifft diese Auswirkung der Klimazerstörung auf die Gesundheit nicht nur die Bewohnerinnen und Bewohner der südlichen Regionen, die weit von der Schweiz entfernt sind. Auch bei uns nimmt die Zahl der Asthmaanfälle zu, die auf Spitzenwerte der Luftverschmutzung zurückzuführen sind, vor allem wenn die Temperaturen steigen, weil die Mikropartikel dann in der Luft schweben. Schauen Sie sich die Schweizer Wetterberichte an, wenn es das nächste Mal sehr heiß ist... In der Schweiz sterben jedes Jahr mehr als 3000 Menschen an den Folgen der Luftverschmutzung, das entspricht in vier Jahren dem, was wir in zwei Jahren Pandemie erlebt haben. Aber darüber spricht leider niemand, und vor allem nimmt sich niemand des Problems an, jedenfalls nicht mit demselben Nachdruck wie bei Covid-19... Unser Gemüse kommt größtenteils aus Spanien, dessen südlicher Teil gerade verödet. Dort haben ganze Dörfer von einem Tag auf den anderen kein Wasser mehr, weil ihr Grundwasserspiegel plötzlich leer ist. Für die Schweiz wird es daher immer schwieriger, sich mit vielfältigem Gemüse aus dem Ausland zu versorgen. Die Qualität unserer Nahrung wird folglich sinken, ebenso wie die Lebenserwartung der neuen Generationen, und zwar um ein Vielfaches mehr als die Lebenserwartung, die wir durch Covid-19 verloren haben. Währenddessen unterzeichnet die Schweiz weiterhin Freihandelsabkommen mit Ländern, die dafür ganze Wälder abholzen müssen, der Mormont-Hügel wird zerstört, und das alles mitten in einer Pandemie... obwohl inzwischen wissenschaftlich erwiesen ist, dass Pandemien hauptsächlich auf den Verlust der Artenvielfalt zurückzuführen sind... und auf die intensive Tierhaltung, eine Praxis, die in der Schweiz immer noch ohne Probleme erlaubt ist.

Wir sind also in das Zeitalter der Pandemien eingetreten; ich hoffe, dass die derzeitige Pandemie bald vorbei ist, aber es wird bei weitem nicht die letzte sein. Und dennoch enthalten unsere schönen nationalen Pläne zur Vorbereitung auf künftige Epidemien kein einziges Kapitel darüber, wie man sie verhindern kann, indem man an den Ursachen ansetzt. Man ist also dabei, all den hier anwesenden Pflegerinnen und Pflegern, die von zwei Jahren Covid-19 erschöpft sind, zu sagen, dass wir nichts tun werden und dass sie sich in einigen Jahren oder Monaten wegen einer neuen Pandemie erneut erschöpfen müssen. Ich weiß nicht, ob sie unter diesen Umständen den Mut aufbringen werden, ihren Beruf weiter auszuüben.

Und der Justiz fällt nichts Besseres ein, als uns auf die Anklagebank zu setzen, wenn wir diesen Zustand anprangern, wenn wir versuchen, die Bevölkerung und unsere Behörden zu warnen. Bald haben wir alles versucht: Wir haben uns mit Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, dem Generaldirektor der WHO, getroffen, um ihn in dem Druck zu unterstützen, den er auf die Gesundheitsministerien der Mitgliedsländer ausübt, damit sie sich dieser Dringlichkeit bewusst werden. Er sagte uns: "Ich bin einer von euch". Wir hatten zu diesem Treffen Richard Horton eingeladen, den Chefredakteur von Lancet, einer der größten wissenschaftlichen medizinischen Fachzeitschriften, der die Angehörigen der Gesundheitsberufe zum Ungehorsam, zu Demonstrationen auf der Straße, aufruft. Die heimischen Medien, die mich zu Covid-19 interviewen, lehnen meine Vorschläge, stattdessen über das globale Problem der Auswirkungen von Klima und Biodiversität auf die Gesundheit zu sprechen, konsequent ab. Selbst meine erklärenden Sätze zu den Wurzelursachen dieser Pandemie werden nachträglich aus den Artikeln herausgeschnitten. Es fällt uns also sehr schwer, gehört zu werden. Dabei ist es unsere Pflicht als Ärzte und Pfleger, vor künftigen Gesundheitskrisen zu warnen, genauso wie es unsere Pflicht ist, nach einer Krise zu versuchen, die Auswirkungen auf die Patienten und die Bevölkerung zu mildern. Es gibt also keinen Widerspruch zwischen diesen beiden Maßnahmen, ganz im Gegenteil. Ich hoffe, dass ich in meiner Arbeit wieder einen Sinn finden kann, dass ich meinen afrikanischen Kolleginnen und Kollegen wieder in die Augen schauen kann, weil wir unsere CO2-Emissionen, die ihre Kinder töten, drastisch senken können, während sie nur ein Zehntel von uns ausstoßen.

Ich werde mich also weiterhin im öffentlichen Raum äußern - auch weil wir den hippokratischen Eid geschworen haben, der besagt, "in erster Linie nicht zu schaden" -, um unsere Behörden zu bitten, etwas zu tun, um unsere sterbende Menschheit zu retten...


Text aus der Pressekonferenz anlässlich des "Prozesses der 200" Klimaaktivisten, Lausanne, 7. Februar 2022.


Autorinnen und Autoren

Valérie D'Acremont

Medizinische Universitätspoliklinik Rue du Bugnon

44 1011 Lausanne